PEDAGORE 09

Site pédagogique concernant l'enseignement et l'apprentissage instrumental et musical


retour page journal pedagore
 
     

Journal pedagore

 

date de dernière modification du journal 2008-2009: 30 mai 2009

Journal pedagore 2008-2009

 

Sommaire

Interroger la pratique d' "enseignement individuel"

enseigner sans avoir la réponse...

 

 


octobre 2008

Interroger la pratique d' "enseignement individuel"

  • La pratique de l'enseignement individuel, dans l'enseignement instrumental est encore aujourd'hui, du moins dans nos régions, la plus courante. Certains n'hésitent pas même à en parler comme "un privilège (à ne pas perdre) pour l'élève d'avoir hebdomadairement une heure (50' à Genève) de cours "seul" avec un professeur". Une autre affirmation rencontrée est que "l'enseignement individuel est le plus adapté pour transmettre les "savoirs fondamentaux" instrumentaux.
  • A l'heure où différentes expériences d'enseignement* en groupe, "enseignement alterné" laissent entrevoir l'apport essentiel de la pluralité dans les cours, à l'heure où les recherches en pédagogie mettent en évidence l'importance et l'efficience de donner à l'élève la place d' "acteur de son apprentissage", de le mettre en situation de "construire son savoir", comment ne pas mettre tout en œuvre pour favoriser les apprentissages "à plusieurs" ? Ou du moins interroger de manière engagée le rapport individuel/collectif dans l'enseignement* instrumental.
  • Cependant, il ne s'agit pas d'un seul changement de "structure", de "cadre", mais de considérer différemment les concepts mêmes de l'apprentissage* instrumental, de ses buts, de ses rapports au savoir, à l'élève, à la société.
  • * "enseignement", ou "apprentissage" ? Cette tension "individuel" – "collectif" correspond aussi (bien que pas exclusivement) à un renversement de logique, de paradigme, considérant plutôt une centration sur l'élève dans son apprentissage qu'une centration sur le professeur dans son enseignement. Ceci interroge "activement" l'évolution du "métier d'enseignant" dans l'enseignement musical et instrumental.
  • Pour reprendre le premier point évoqué, est-ce encore un "atout-qualité" pour une école de musique de mettre en avant un enseignement sous forme de cours individuels qu'auraient les élèves s'y inscrivant ?
  • Une remarque institutionnelle pourrait être de mettre en avant que si les cours instrumentaux sont sur un concept de base individuel, la pratique d'ensemble est encouragée, sous la forme de duos/trios dans le cadre des cours instrumentaux, et sous la forme d'ensembles divers dans des cours "complémentaires".

    Si cela concerne la "pratique" musicale instrumentale, elle ne prend pas réellement en interrogation l' "apprentissage" instrumental, entre cours individuel ou situations à plusieurs. Bien que les liens soient bien réels, il s'agit de deux composantes distinctes dans leurs conceptions : "jouer ensemble" – "apprendre à plusieurs"

    [Un ouvrage paru en 2007 traitant des pratiques collectives et l'apprentissage : Apprendre la musique ensemble. Les pratiques collectives de la musique, base des apprentissages instrumentaux, par Eric Demange, Karine Hahn, Jean-Claude Lartigot, éditions Symétrie (2007)]
  • Dans l'enseignement public, s'organisant en "classes", l'individuel y a aussi sa place pour des raisons et avec des objectifs déterminés, notamment dans la remédiation.
    Alors, il ne s'agit pas, en revenant à l'apprentissage musical instrumental, d'en exclure la pratique pédagogique individuel, mais de lui (re)donner un sens, un rééquilibrage dans la "globalité" de l'apprentissage, en rapport avec les particularismes des situations rencontrées sur les chemins d'apprentissage des élèves.

retour sommaire journal

 

 

Janvier 2009

Enseigner sans avoir la réponse…

En étudiant et pratiquant le questionnement dans l'enseignement, nous pouvons relever plus spécialement une catégorie de questions qui n'ont pas de réponse connue pour l'enseignant. Ceci en contraste avec les questions plus "habituelles" qui ont déjà une réponse connue par l'enseignant, et qui lui permettent notamment de vérifier une connaissance chez l'élève, ou le mettre en travail, en chantier sur un sujet déterminé. [Ceci exprimé en raccourci; en référence au sujet, il y a le livre de Olivier Maulini Questionner pour enseigner & pour apprendre. Le rapport au savoir dans la classe
Paris : ESF, 2005 ]
Dans l'enseignement musical, et instrumental, nous pouvons aussi nous trouver dans des situations de " réponse non connue à priori ", en rapport à des tâches demandées aux élèves.
Dans une discipline "artistique" nous pouvons toujours avancer que la personnalité de chacun fait partie du jeu de l'interprétation… Laissons pourl'instant cet aspect de côté, combien même cette composante, ses enjeux et compréhensions dans la pédagogie représentent des sujets consistants de réflexions et de recherche.
Ici, la réflexion porte sur les tâches proposées à l'élève, les mise en chantier dans la construction de l'apprentissage, la réalisations des consignes s'y rapportant.
Cela touche au domaine de la créativité, de la création de l'invention, de l'investissement de l'élève dans son apprentissage. Par conséquent, cela touche aussi à la conception de l'enseignement, de la place donnée à l'élève, au rapport entre tradition et innovation.
En donnant une consigne à un élève, ou un groupe d'élèves, à quel degré avons-nous la "réponse" à laquelle il(s) doi(ven)t arriver ?
A quel degré les "guidons-nous" vers un "modèle", vers "notre réalité" empreinte de "nos représentations", à quel degré nous ouvrons-nous à leur lecture, leur compréhension, leur "imaginaire" ?
Avec la première option de l'alternative, (le "modèle" pré-vu), en tant qu'enseignant, nous nous appuyons sur quelque chose de relativement solide, du moins bien déterminé, qui fait aussi office d' "assurance", de "norme" établie.
Dans la deuxième, il y a une plus grande part d'inconnu, notamment par rapport à ce que sera la suite, l'évolution de la démarche et sa situation dans le parcours de l'élève (des élèves). Ce qui implique une analyse plus "vigilante" des propositions de réalisation, et de recherche de compréhension du chemin de l'élève, et des perspectives ainsi ouvertes, auxquelles nous ne nous attendions peut-être pas.
Ce qui conduit à une réflexion su l' "acceptation" : accepter la proposition de l'élève, et travailler avec lui pour son évolution, avec l'évaluation de la pertinence et cohérence de cette proposition, accepter de devoir emprunter des chemins non prévus, quitte à les défricher en même temps que l'élève, accepter l'élève comme participant à l' "enseignement".
Ce qui conduit aussi à un enrichissement du "répertoire" pédagogique, à un renouvellement et une évolution d'un enseignement au service de l'apprentissage.

Ce qui signifie prendre des risques, mais par là permettre que s'accomplisse un apprentissage et une évolution inattendue, tenant de l'improbable magie de l'action pédagogique.

C.f. compolego

retour sommaire journal